Culture/ THEATRE

A l’affiche – Patrick Haudecœur : comique troupier

Par Emmanuel Monvidran

Peu connu du grand public, cet auteur de théâtre, metteur en scène et comédien, collectionne les succès d’audience et les Molière. Portrait.

“Quelle franche poilade !”

Entre les pentes de la butte Montmartre et les grands boulevards parisiens, le public du Théâtre Fontaine ne boude pas son plaisir à la sortie de la joyeuse représentation de “Berlin, Berlin”. L’histoire ? Les aventures rocambolesques d’un couple qui, pour tenter de fuir l’Allemagne de l’Est, n’a rien imaginé de mieux que de creuser un tunnel sous le mur de Berlin… depuis l’appartement d’un officier de la Stasi ! Deux Molière (dont celui de la meilleure comédie 2022) ont récompensé ce scénario burlesque, écrit, interprété et mis en scène par Patrick Haudecœur.

Ce souriant quinquagénaire au visage juvénile cerclé de fines lunettes rondes n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai, avec dans sa besace, deux autres statuettes semblables, rafflées en 2002 et 2011. Sa recette miracle ? “Aucune en particulier. Seulement l’envie d’amuser et de s’amuser. Entendre une salle rire procure un pied inimaginable !”, confiait à Télérama ce digne successeur de Georges Feydeau, dont il a joué des vaudevilles aussi célèbres que “Le fil à la patte”, et “Chat en poche” (mise en scène Jean-Laurent Cochet).

Notre homme est tombé très jeune dans la marmite théâtrale, âgé d’à peine douze ans lorsqu’il interpréta “Le petit prince” de Saint-Exupéry au sein d’une troupe amateur. Ancien élève du conservatoire municipal de Gagny, ville de Seine et Marne où il a grandi, il est dirigé par Jean-Claude Brialy dans “Le bal des voleurs” de Jean Anouilh. Ayant poussé la chansonnette dans des opérettes données sur les grands boulevards de la capitale (Théâtre des variétés, Mogador, Bouffes Parisiens), ce musicien averti savoure ce genre de pièces musicales. Que l’on retrouve dans “Frou-Frou les Bains” : une parodie d’opérette dont les rebondissements ludiques s’enchaînent au sein d’une station thermale en 1920. Où le chant, la danse et bien entendu la comédie, s’accordent avec brio. Molière du Meilleur spectacle musical 2002, cette pochade fut représentée plus de 1 000 fois avant d’être reprise en 2020, mais interrompue pour cause des confinements imposés par le Covid.

Raimu du Meilleur auteur pour “La Valse des pingouins“ (2007), notre homme s’est fait connaître du grand public avec “Thé à la menthe ou t’es citron ?” : l’histoire d’un tournage dans un décor de théâtre. Une désopilante comédie jouée plus de 2 500 fois, sacrée Meilleur spectacle comique en 2011, ayant séduit depuis pas moins de 800 000 spectateurs ! A part peut-être “Edmond” (Rostand), d’Alexis Michalik, qui dit mieux ?

La particularité de Patrick Haudecœur est de n’avoir jamais eu recours à quelconque star de la profession pour interpréter ses réjouissantes œuvres théâtrales. “Ce sont mes pièces les têtes d’affiche”, explique ce trublion, admirateur de Charlie Chaplin et de Laurel et Hardy. Dont on retrouve d’ailleurs la mécanique du rire dans les effets spéciaux et comiques de “Silence, on tourne !”.

Le mot de la fin ? Pourquoi pas ce couplet extrait de l’opérette de Sacha Guitry “ Florestan Ier prince de Monaco ” (1933), dont la ritournelle réapparaît dans  “Frou-Frou les Bains“ : “ Amusez-vous, foutez-vous de tout, la vie entre nous est si brève… “.

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