IMMOBILIER – Quid de la crise du Covid-19 et des mesures de confinement ? La réponse de Maître Benoît Depaquit

Quid de la crise du Covid-19 et des mesures de confinement ? 

 La réponse de Maître Benoît Depaquit, notaire associé à Paris.

CI : Quel impact sur le notariat et les clients des notaires ?

B.D : Les offices notariaux avantagés sont ceux qui n’ont jamais été à la traîne concernant  les nouvelles technologies. L’intéressant est justement de jauger la préparation du chef d’entreprise face à une crise. Mais qui pouvait imaginer une pandémie et leur absolue nécessité ? 

Réunir vendeur et acquéreur afin de réaliser une signature à distance n’est cependant pas une nouveauté ?    

Effectivement. Depuis des années la profession notariale a toujours été à la pointe du digital. D’où l’acte électronique, les coffre forts  électroniques, les partages de dossiers dématérialisés… La visioconférence est le dernier développement permettant la signature à distance mais toujours en présence des clients chez leurs notaires respectifs. Si j’ai un vendeur à Marseille et un client parisien, chacun signe l’acte chez son notaire. La visio se fait par Lifesize, seul module vidéo agréé par le Conseil Supérieur du Notariat et, grâce à un logiciel spécifique, mon acte signé au sein de mon étude part chez le confrère qui recueille la signature de son client dans sa propre étude. Reste à récupérer l’acte signé et procéder à la signature par le notaire. Le tout en totale et parfaite sécurité.        

Comment gérer en période de confinement ?

La crise actuelle a demandé d’autres dispositions. Le ministre de la justice a pris en urgence un décret permettant d’utiliser l’acte à distance de façon étendue, à savoir sans la présence des clients chez le notaire. L’infrastructure existait mais il manquait l’autorisation avec une modalité permettant l’identification du client. Par ailleurs, nous avons continué notre activité en télétravail et pour ma part quasiment à temps complet. Je n’ai refusé aucune demande de signatures d’actes. Les négociations en cours sans promesses de ventes signées sont restées en attente. Et certaines ont même abouti. Restent les nouveaux dossiers suspendus à la reprise à la sortie du confinement, du moins en immobilier. 

 « La belle pierre parisienne inspirera toujours de beaux placements pour qui souhaite investir »… Qu’en pense le notaire ? 

Tout à fait. D’autant que l’élan de « tous » pour faire repartir l’économie sera l’une des priorités. Avec des valeurs ajoutées. Au sortir de la promiscuité engendrée par le confinement, ceux qui avaient les moyens d’acheter un bien immobilier avant la crise souhaiteront peut-être un espace plus grand. Dans un environnement de qualité. Un appartement avec terrasse, une maison avec jardin, une résidence secondaire pour s’échapper de la capitale le week-end.

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Après le choc du catastrophisme ambiant, l’envie aussi de reprendre des projets, de rêver.

Oui, c’est l’espoir que nous formulons. Nous arrivons à la belle période. Très propice pour l’immobilier. Sans égaler le niveau excellent de l’année dernière, les prévisions auguraient d’une très belle année 2020.  

Comment ressentez-vous le pouls de votre étude ?

Nous sommes trois associés et cinq collaborateurs. Deux embauches sont arrivées le 1er avril, en plein confinement. Nous n’avons rien remis en cause. Cela aurait été un mauvais pari pour l’avenir de laisser de côté des personnes qui avaient démissionné pour nous rejoindre. Question d’organisation ! Un roulement de télétravail sera mis en place pour ne pas être à l’Etude tous en même temps. Même si le besoin de revenir dans une vie normale est très fort. Il y a un manque. Voir les clients en visio, c’est bien, mais ne remplace pas la discussion des dossiers autour d’une table de réunion. Soyons pragmatiques ! Tout en tenant compte d’individualiser les situations. Certains sont terrorisés par le virus, il faut les écouter, d’autres estiment que c’est un aléa de la vie sans obligation de s’arrêter de vivre.  

Concrètement, qu’allez-vous faire ?

La profession a commandé en masse des masques qui seront distribués aux études. Nous sommes des chefs d’entreprises indépendants, certes, mais très bien soutenus par La Chambre des Notaires de Paris et le Conseil Supérieur du Notariat.

Craignez-vous une baisse de chiffre d’affaires ?

Nous avons fait un bon début d’année. Les mois de juin, juillet sont assez forts, y compris les mois de rentrée. Alors, est-ce que le chiffre d’affaires va baisser fortement ? Je reprendrais la citation du philosophe Alain. «  Le pessimisme est d’humeur, et l’optimisme est de volonté». Ma nature se veut dans la nuance. Quand je tends vers un extrême, l’effet de balancier me ramène dans l’autre sens. J’aime ce métier pour les relations avec les clients. L’immobilier me passionne. Tout autant que le droit de la famille qui va du contrat de mariage à la donation et jusqu’à la succession. Sans négliger le conseil patrimonial qui peut prendre tout son sens après ces derniers mois de réflexion sur notre finitude.

En conclusion, la pierre reste-t-elle une valeur sûre ?

Dans l’esprit français, oui ! Et, même critiquées, Paris et la France continuent de faire rêver les étrangers. Dans la crise, les professionnels de l’immobilier sont restés confiants. L’immobilier haut de gamme sortira peut-être peu atteint par la crise. Deux appartements situés l’un dans le 7è et l’autre près du Parc Monceau ont trouvé des acquéreurs durant cette période, un étranger et un couple assez jeune. La pierre parisienne continue et continuera à faire rêver.   

Propos recueillis par Monique Delanoue

Benoît DEPAQUIT
Notaire associé

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